La candidature des écologistes peut être celle de Jean-Luc Mélenchon

Ceci est une tribune personnelle d’un militant du Parti de Gauche Villeurbanne (69), Laurent Legendre.


Les écologistes sont déboussolés après l’annonce de Nicolas Hulot de ne pas se porter candidat à la Présidence de la République Française en 2017. On comprend la difficulté dans laquelle se trouvent les militant-e-s sincères et les élu-e-s intègres. Le parti EELV reste fragilisé par une faible mobilisation militante et par la désertion de cadres dirigeants plus intéressés par leur carrière politique de court terme que par l’intérêt général de long terme.

Cécile Duflot ou Noël Mamère restent deux figures à même d’incarner une candidature à la présidentielle, mais elles n’arriveront pas à drainer aussi largement que Nicolas Hulot. Elles resteront quoi qu’il arrive des candidatures de second plan, qui ne se donneront pas pour objectif de prendre le pouvoir, mais qui voudront simplement garder la flamme de l’écologie active pour au-delà 2017. Voilà le programme esquissé, une ambition réduite à un recul sur la défensive.

Un autre chemin est pourtant possible : c’est la candidature de Jean-Luc Mélenchon et la dynamique citoyenne « La France Insoumise ».

Sur le fond, les programmes sur l’écologie sont si proches qu’on comprend pourquoi les militants passent facilement d’une organisation à une autre. Le programme de la France Insoumise, encore en construction, s’inspirant du travail du Parti de Gauche sur l’écosocialisme, mérite d’être lu et relu tant il est complet sur le volet écologique : anti-nucléaire, agriculture paysanne, alimentation biologique et non-carnée, refus des grands projets inutiles, planification de la transition énergétique par le développement des énergies renouvelables, programme de gestion écologique de la mer, pratiques démocratiques nouvelles, j’en passe, etc…

Sur le fond, nous sommes d’accord. Les liens existants sont déjà multiples et les appels des écologistes du Parti de Gauche de Juin 2016 fait état d’une nécessité de travailler ensemble, ce que nous faisons déjà au niveau local, à Villeurbanne, à Grenoble, à la Région, et ailleurs…

Alors, qu’est-ce qui coince ?

La personnalité de Jean-Luc Mélenchon ? Mais ce personnage médiatique fabriqué, faisant partie de la stratégie, n’est-elle pas au contraire un atout pour un mouvement révolutionnaire ayant vocation à prendre le pouvoir ? Dans l’élection présidentielle focalisée sur les capacités d’orateurs, n’est-ce pas une bonne carte à jouer ? N’est-ce pas la garantie de quelqu’un qui tiendra tête face aux attaques sur la forme pendant l’élection, et sur le fond après la victoire ? Cette candidature qui s’impose en tête du mouvement est finalement plutôt une bonne nouvelle : cette question est tranchée, passons à autre chose, parlons du fond, parlons du programme et des moyens d’éducation populaire pour faire campagne…

La critique de l’Union Européenne ? Comment un programme écologiste pourrait-il exister dans les traités européens actuels, libéraux et fondés sur le dumping social et environnemental ? Etre européen aujourd’hui, c’est être contre les traités de l’Union Européenne. Il y a une urgence à retrouver un espace démocratique pour les peuples, nous serons d’accord là-dessus. Le désaccord portera sur le choix de l’échelle. Le cadre des Nations paraît adapté pour que les souverainetés soient respectées. Ce qui ne signifie pas un repli nationaliste, car quitter l’Union Européenne actuelle n’est pas équivalent à supprimer l’intégralité des échanges culturels, financiers, de personnes : il s’agit de trouver un espace pour débattre de les organiser autrement. Qu’on m’explique la stratégie réaliste de court terme pour rendre l’Union Européenne démocratique, et je m’incline.

Alors qu’est-ce qui coince finalement, à part les égos et les ambitions personnelles ?

Tout converge pour une candidature de Jean-Luc Mélenchon large et populaire, basée sur un programme social, écologique et démocratique. Il serait dommage de balayer cette possibilité d’un revers de main, par des raccourcis médiatiques et des impressions relayées par des rumeurs. A mes connaissances et ami-e-s écologistes, je lance moi aussi cette main tendue : rejoignez-nous pour alimenter cette dynamique citoyenne de la France Insoumise.

C’est une bonne façon d’avoir autre chose qu’un panel de degré divers de libéralisme comme choix pour les présidentielles de 2017.