Tribune parue dans Lyon mag lundi 3 octobre 2015.
« N’attendez pas le Jugement dernier. Il a lieu tous les jours » (Camus).
Il aura notamment lieu le 5 octobre 2016, en appel, au tribunal de commerce de Grenoble, concernant l’avenir de l’entreprise Ecopla.
- Le jugement dernier pour nos emplois locaux et notre savoir-faire français
Unique fabricant français de barquettes en aluminium, Ecopla est implantée à Saint-Vincent de Mercuze, 1200 habitants. Il est devenu l’un des leaders européens de ce marché. Malheureusement, cette usine a été mise en liquidation judiciaire suite à sa faillite savamment organisée il y a quelques mois.
Ces salariés et ce savoir-faire présents sur notre territoire depuis 56 ans seraient-ils condamnés à disparaître ?
Cette descente aux enfers est la conséquence d’une gestion catastrophique de la part de grands actionnaires internationaux, l’entreprise passant de main en main jusqu’à la situation actuelle. Faute d’investissement industriel, et par manque de trésorerie, l’entreprise est aujourd’hui menacée. Pourtant, les fournisseurs attendent, le carnet de commande est plein. L’entreprise est économiquement viable.
Malgré l’injustice des faits, le 16 juin dernier, le tribunal de commerce de Grenoble a écarté l’offre de rachat de l’entreprise par ses salariés en SCOP. Il a été préféré l’offre de l’Italien CUKI, concurrent direct d’Ecopla. Son projet : l’assassinat de son concurrent français, la mise à mort de ses salariés, et le rapatriement immédiat des machines en Italie.
Face à un tel exemple, nous devons soutenir ces salariés. La finance internationale est très éloignée de la réalité de nos territoires. Nous ne pouvons pas accepter que quelques vautours aient un droit de vie ou de mort sur nos villes, nos vallées industrielles, nos villages, nos emplois et notre savoir-faire français.
La vallée du Grésivaudan, déjà largement impactée par la désindustrialisation, ne peut être achevée ainsi. Finalement, le choix du 5 octobre opposera deux philosophies : celle de la rentabilité courtemiste face à la préservation de nos emplois locaux, celle de la finance internationale face à la République et à la vie de ses territoires.
- Le jugement dernier pour l’écologie et la création d’emplois
Je souligne le caractère écologique du projet de SCOP d’Ecopla permettant le recyclage des barquettes en aluminium.
Dans le contexte actuel d’une crise qui serait sans solution, plusieurs acteurs audacieux comme Ecopla, démontrent que notre pays est prêt à innover et créer des emplois. La région Auvergne-Rhône-Alpes sera bientôt compétente pour la gestion des déchets. Nous devrions saisir cette occasion pour une gestion régionale cohérente du recyclage. Les pratiques dites “Zero waste” semblent s’imposer dans de nombreux pays. Aujourd’hui, l’incinération des déchets est responsable d’une bonne partie des gaz à effet de serre. Pour 100 000 tonnes de déchets, 40 emplois sont nécessaires dans l’incinération quand 200 emplois sont nécessaires pour le recyclage dont la réutilisation des déchets en engrais agricole.
Concernant la matière organique, l’option lombricompstage qui paraît être une option “amusante” semble être une alternative crédible à l’incinération de plus de 30% des déchets des particuliers. Le lombricompost semble également permettre d’abaisser l’utilisation de produits phytosanitaires ou d’engrais chimique… Et le développement de maladies et de pollutions allant de pair.
Là encore, plusieurs acteurs locaux existent dans notre région permettant la formation et la relocalisation de nos emplois.
La Région devrait plus largement se saisir de cet exemple pour entamer une réflexion sur l’écologie.
De même, l’isolation des bâtiments est une nécessité écologique et une opportunité économique encore trop sous-investie. Elle permettrait la relance des entreprises du bâtiment et la création d’emplois locaux mais également des factures moins conséquentes pour les plus pauvres, premiers concernés par des logements mal isolés. Bref, se chauffer mieux pour payer moins, dans l’intérêt de l’écosystème.
L’intérêt général et le progrès social seraient à nouveau privilégiés par l’audace et le courage d’acteurs économiques et écologiques locaux. Encore faut-il la volonté politique de les promouvoir…
Car, comme le dit notre candidat de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, « le pessimisme face au futur ne doit pas être un argument supplémentaire pour l’inaction dans le présent ».
Andréa Kotarac est militant du PG, conseiller régional et membre de la France Insoumise