Communiqué du 10.10.2020

ERDOGAN N’EST FORT QUE DES FAIBLESSES DU GOUVERNEMENT FRANÇAIS ET DE L’EUROPE.

L’actualité nous met aujourd’hui face à l’agression de la République de l’Artsakh (plus connue sous le nom de Haut Karabagh) par l’Azerbaïdjan. Cette petite région (jadis incluse de force dans la République Socialiste Soviétique d’Azerbaïdjan par le pouvoir soviétique et Staline), très majoritairement peuplée d’arméniens a proclamé son indépendance en 1991. Depuis, elle est l’objet constant d’agressions de la part de l’Azerbaïdjan, comme c’est le cas actuellement. L’Arménie s’est officiellement portée en défense de l’Artsakh (notamment après les pogroms anti arméniens en Azerbaïdjan de 1988). Derrière l’Artsakh, c’est donc aussi l’Arménie qui est visée… Rien d’étonnant alors d’apprendre qu’Erdogan prête main forte à l’Azerbaïdjan, en lui procurant les armes nécessaires, ainsi que des renforts en hommes : plusieurs milliers de djihadistes ont ainsi été envoyés par le dictateur turc en Azerbaïdjan pour renforcer son armée. Le nouveau sultan (qui refuse toujours que son pays reconnaisse sa responsabilité dans le génocide des arméniens de 1915, flattant ainsi le nationalisme turc dans le sens du poil) illustre ainsi une fois de plus son ambition politique profonde : aller le plus loin possible (ce qui signifie toujours plus loin !) dans la refondation de l’ex Empire Ottoman…

Non content d’affirmer ses prétentions dans le Caucase, Erdogan s’est lancé dans une politique agressive contre la Grèce en mer Egée, remettant au goût du jour la vieille recette de la défense du nationalisme panturc qui ne demande qu’à être attisé. On le voit de la même façon envoyer des troupes en Lybie pour soutenir les causes les plus rétrogrades, se posant ainsi en « défenseur des croyants ».

Ses agressions contre le Rojava sont continuelles : son armée et ses supplétifs djihadistes y pratiquent le meurtre et le viol à une grande échelle, développant une épuration ethnique des plus féroces.

L’armée turque ne se prive pas non plus de pénétrer en territoire irakien (et tout particulièrement dans le nord de la province du Gouvernement Kurde autonome déjà soumise à ses bombardements) pour y poursuivre les combattants du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan).

En Turquie même, la féroce répression islamo-fasciste se poursuit à l’encontre de toute opposition, particulièrement kurde. C’est ainsi que le 25 septembre, 82 militant.es du HDP ont été arrété.es (dont un ancien député et le maire actuel de la ville de Kars). 47 municipalités (sur 65) dirigées par des élu·e·s kurdes ont été destituées et remplacées par une administration aux ordres de l’état turc et de son sultan.

Face à ces agressions continuelles contre la démocratie, la paix et les droits humains, l’Union Européenne se mure dans un silence complice. Lors du « sommet » européen de début octobre (spécialement consacré à la politique envers la Turquie), il a été officiellement décidé de ne rien faire, hormis la sempiternelle menace de sanctions, dont Erdogan sait très bien qu’elles ne se concrétisent jamais !

Et notre président Macron, si prompt à se mettre en avant sur la scène internationale ? Rien ! Aucune sanction contre la Turquie, sinon de pitoyables roulements de mécanique ! Mais en revanche et beaucoup plus discrètement, le 17 septembre, la France expulsait vers la Turquie où il a été immédiatement mis en prison le militant kurde Mehmet Yalçin, C’est à ses gestes et non à ses « belles » paroles que l’on peut juger la politique de Macron ! Nous affirmons aujourd’hui notre solidarité pleine et entière à l’Artsakh et au peuple arménien face à l’agression de l’Azerbaïdjan, soutenu et armé par la Turquie.

Nous exigeons que l’Union Européenne, à commencer par la France, agisse réellement et prenne de véritables sanctions contre la Turquie et son Président, pour sa politique qui met en jeu la paix dans le Proche Orient et réduit à néant les libertés démocratiques dans le pays même.


Communiqué de la Coordination Lyonnaise Solidarité Kurdistan
Lyon, le 10 octobre 2020.