Politique de la ville : l’intervention d’Idir Boumertit

Intervention de Idir BOUMERTIT, conseiller métropolitain Parti de Gauche / France insoumise de Vénissieux, rapport « évaluation qualitative de la Politique de la Ville » :

Mesdames, messieurs, chers collègues,

La Politique de la Ville est une compétence de la Métropole de Lyon exercée de manière partagée avec les communes. Cette politique qui agit sur les secteurs les plus fragiles, les plus relégués et les plus ségrégés de notre territoire a plus de 40 ans. Elle est mise en œuvre au quotidien par les équipes projet pour le financement desquelles nous allons délibérer.

Nous voterons ce rapport car la Politique de la Ville est passée d’une logique de mission de court terme de rattrapage à une nécessité de transformation de fonds et de long terme de notre action publique.

C’est pourquoi chaque évaluation de notre Politique de la Ville, qui se veut transversale et interpartenariale, nous fait dire « que se serait-il passée dans nos quartiers si nous en étions restés qu’à la seule mise en œuvre de politiques sectorielles de droit commun ? ».

Comme vous le savez probablement, il y a eu récemment publication d’un nouveau rapport de la Cour des Comptes, qui a travaillé sur une approche évaluative qualitative de la Politique de la Ville en essayant de mesurer l’impact de nos actions sur ces territoires précarisés en matière d’attractivité des quartiers : y habiterais-je ? Est-ce que j’y scolariserais mes enfants ? Est-ce que j’y investirais ?

C’est tout à fait intéressant car ce sont vraiment des questions que l’on se pose quand on peut choisir son lieu de vie.

Les conclusions ne sont pas surprenantes.

On y apprend que la transformation urbaine conduite et l’amélioration de la desserte par les T.C modifient très positivement l’avis des habitants qui y résident.

Concernant les non-résidents les représentations négatives restent très fortes. Et, cela souligne les limites de notre action en matière de valorisation et promotion de ces quartiers. Quartiers, dont la presse continue pour l’essentiel de n’en parler qu’au titre des difficultés de vie et de la délinquance.

Les habitants des quartiers sont plus que fortement plus précarisés et fragiles.

Ils lancent un appel désespéré à l’aide concernant particulièrement :

  • l’explosion du trafic de stupéfiants, avec le sentiment que cela arrange tout le monde que ce fléau se concentre là pour la consommation de populations de toute l’agglomération,
  • le renforcement de l’entre-soi, car la spirale de la pauvreté génère d’autres dérives avec des mouvements qui veulent rejeter la République au prétexte que ce serait celle-ci qui les rejette. Alors que c’est notre système économique qui laisse ces populations à la marge,
  • l’échec scolaire alors que l’école est l’espoir pour l’évolution de la vie de ses enfants.

Saurons-nous les entendre mesdames et messieurs ?

Pour notre groupe, nous devons les entendre et donc poursuivre et renforcer notre action.

Comment ?

  • En soutenant les communes sur le renouvellement ou la réalisation d’équipements publics de qualité pour les habitants et qui participeront à faire de ces quartiers des territoires de destination,
  • En affichant une action de développement économique pour ces quartiers beaucoup plus forte. Allez donc voir l’organigramme de la direction du développement économique responsable de la Métropole. Vous n’y trouverez rien pour nos quartiers relégués, car le programme n’est pas encore responsable du point de vue du développement solidaire. Ces territoires ont plus besoin de l’action publique !
  • En soutenant de manière nouvelle et déterminée tout le tissu associatif, malmené et mis en danger de mort par les conséquences de la crise sanitaire. D’ailleurs j’attends toujours une action de notre collectivité pour ces associations. Mes alertes répétées ne semblent pas entendues. Or si « la Gauche Citoyenne et Écologique» n’entends pas cela, qui l’entendra ?
  • En agissant sur les symboles inclusifs. A ce titre le gouvernement va proposer une liste de 400 noms issus de la diversité pour dénommer nos places, nos rues et nos équipements. J’ose espérer que notre collectivité se saisira plus encore de cette opportunité pour passer des messages de considération et de reconnaissance dans la république aux habitants des quartiers, notamment aux jeunes soumis à tous les risques.

Mesdames, messieurs, nos prédécesseurs ont fait des efforts au titre de la Politique de la Ville, qui a été reconnue comme une des plus réactive et utile sur le champ du renouvellement urbain.

J’en appelle notre majorité à aller plus loin en terme de développement social territorial et d’inclusion de tous et toutes dans la famille républicaine métropolitaine.

Il faut avoir le courage d’une politique de l’habitat qui réduise la concentration des plus pauvres dans ces quartiers,

Il faut avoir le courage d’investir dans ces quartiers avec la même détermination que nous le faisons dans les autres secteurs de notre Métropole.

Saurons-nous permettre la mise en mouvement social et citoyen des habitants des quartiers prioritaires ?

Nous serons jugés à l’aune de notre action et de nos résultats.

Je vous remercie.

le 15 décembre 2020, conseil de la métropole de Lyon.